En France, plus d’un ménage sur dix vit dans un logement mal isolé, classé F ou G au diagnostic de performance énergétique (DPE). Face à cet enjeu environnemental et social, l’État durcit progressivement la réglementation et encourage les rénovations énergétiques. Qui sont les occupants de ces logements ? Où se situent-ils ? Et quelles solutions existent pour améliorer leur performance énergétique ?
Un parc vieillissant et énergivore
Depuis 2018, le gouvernement recense les logements en fonction de leur diagnostic de performance énergétique (DPE), qui classe les biens de A (très performants) à G (très énergivores). Les logements classés F et G, appelés « passoires énergétiques », affichent une isolation inefficace et une forte consommation énergétique.
Au 1er janvier 2024, la France compte 5,8 millions de passoires énergétiques, soit 15,6% du parc résidentiel. Parmi elles, 4,2 millions sont des résidences principales et près d’un million sont des résidences secondaires. De plus, 600.975 logements vacants entrent également dans cette catégorie.
Mais le problème ne s’arrête pas là : les logements classés E, qui représentent plus de 8 millions de biens, seront progressivement interdits à la location à partir de 2034.
Qui habite ces logements énergivores ?
Contrairement aux idées reçues, les logements les plus mal isolés ne sont pas tous loués. 61% des résidences principales classées F ou G sont occupées par leurs propriétaires, soit 2,59 millions de foyers.
Dans le parc locatif privé, l’Ademe recense 1,3 million de passoires énergétiques, dont 567.000 logements classés G et 737.000 logements F.
Fait notable, 29,3% de ces passoires énergétiques appartiennent aux 10% des ménages les plus aisés, dont les revenus dépassent 3.490 euros par mois et par personne. Cela représente 290.000 logements détenus par des propriétaires à hauts revenus.
À l’inverse, le parc social affiche de meilleures performances énergétiques : seules 7,4% des habitations (soit 350.531 logements) sont classées F ou G.
Le défi est d’autant plus grand pour les locataires du parc privé : 1,8 million d’entre eux vivent dans des logements classés E, bientôt concernés par l’interdiction de location.
Où se trouvent ces logements énergivores ?
Certaines régions sont plus concernées que d’autres par les passoires thermiques. L’Île-de-France arrive en tête, avec plus d’un million de logements mal isolés, soit 20% des résidences principales. L’agglomération parisienne à elle seule compte 1,1 million de passoires énergétiques.
Derrière, la Bourgogne-Franche-Comté affiche 18,2% de logements classés F et G, suivie par l’Auvergne-Rhône-Alpes avec 15,8% et 507.153 passoires énergétiques.
Le profil type d’une passoire énergétique ? Il s’agit souvent d’une maison individuelle de 80 m², construite avant 1948, chauffée à l’électricité et située dans une agglomération de plus de 100.000 habitants.
Des rénovations nécessaires mais encore insuffisantes
Le secteur résidentiel-tertiaire représente 16% des émissions de gaz à effet de serre en France, soit 58 millions de tonnes de CO2 en 2023. L’amélioration de l’efficacité énergétique des logements est donc un levier clé pour la transition écologique.
Entre janvier 2023 et janvier 2024, des efforts ont été réalisés : 13% des logements classés F (soit 111.000 logements) et 12% des logements G (80.000 logements) ont été rénovés et sont sortis de cette catégorie.
Pour accélérer la rénovation, l’État multiplie les incitations financières et interdit progressivement la mise en location des logements les plus énergivores. Un défi colossal, mais essentiel pour limiter la précarité énergétique et réduire l’empreinte carbone du secteur résidentiel.