L’Allemagne a connu une année 2023 plus verte avec une part des énergies renouvelables en hausse et des émissions de CO2 au plus bas. La raison ? Un recul net du charbon mais aussi de la profonde crise que traverse son secteur industriel puissant.
Le bond des énergies renouvelables en Allemagne
D’après le bilan d’Agora Energiewende, un groupe d’experts : la première économie européenne a émis l’an dernier 673 millions de tonnes de CO2, contre 746 millions en 2022, soit son plus bas niveau depuis environ 70 ans.
Les chiffres officiels récemment publiés indiquent que le pays a produit et consommé en majorité des énergies renouvelables pour ses besoins en électricité. Une première dans son histoire.
Cette transition écologique accélérée, fruit de la transition énergétique dont le gouvernement d’Olaf Scholz a fait une priorité, s’explique toutefois aussi largement par la chute de la demande dans l’industrie.
Une ruée sur le solaire qui désamorce l’avènement du charbon
En 2022, le recours au charbon augmente pour compenser l’arrêt des flux de gaz russe vers l’Allemagne. Son utilisation est retombe l’an passé à son niveau des années 1960. La part de ce combustible est descendue à 26% du bouquet de production contre près de 34% en 2022.
La baisse est « largement attribuable à une forte diminution de la production d’électricité à partir de charbon », note le groupe d’experts.
L’Allemagne fait mieux que son objectif annuel d’émissions de CO2 fixé à un maximum de 722 millions de tonnes pour 2023. « Nous sommes sur le bon chemin », se félicite Robert Habeck, le ministre écologiste de l’Économie et du Climat.
En 2023, les prix du gaz baissent et les exploitants se sont reportés en partie sur cette énergie. Cela s’est traduit par une augmentation de 31% du recours au gaz qui est aussi un combustible qui pollue, dans la production d’électricité. Le pays importe aussi l’année dernière, davantage d’électricité, représentant un quart du nucléaire et la moitié des énergies renouvelables.
Un million de panneaux solaires en 2023
Mais ce résultat est aussi obtenu par la montée en puissance des renouvelables. Après 48,42% en 2022, la part des énergies propres dans la production d’électricité s’est établie à 55% l’an dernier. Avec une part de 31%, ce sont les éoliennes qui y participent le plus. Le photovoltaïque représente 12% de la production.
Grâce à des lois adoptées par le gouvernement pour accélérer les procédures d’autorisation et alléger certaines règles, cette montée en puissance s’explique par un déploiement plus rapide des nouvelles installations.
Un million de panneaux solaires en 2023, le double du précédent record de 2011 : les Allemands n’en ont jamais autant installé sur leurs maisons. L’an dernier, 14 GwH de puissance photovoltaïque ont été installés, un record, alors que l’Allemagne veut atteindre les 80% d’électricité d’origine renouvelable en 2030.
Et la nouvelle capacité éolienne a doublé sur un an, pour atteindre 7,7 GWh. Du jamais vu là aussi, même si ce chiffre est nettement « en dessous » du cap fixé par la loi.
Les secteurs des transports et du logement, mauvais élèves de la transition écologique
Mais la transition n’est pas encore au point. Selon l’expertise d’Agora Energiewende, seulement 15% de la baisse des émissions obtenue cette année sont « durables », liés à de véritables changements structurels.
C’est en raison d’une année qui a été marquée par une chute de la production pour l’industrie allemande qui consomme beaucoup d’énergie. Le secteur, pilier de l’économie, est plombé par une baisse de la demande internationale et domestique. Depuis la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie restent aussi trop élevés par rapport à ses concurrents.
Par ailleurs, les secteurs du logement et des transports restent les mauvais élèves de la transition énergétique. Ils échouent, comme les années passées, à réduire significativement leurs émissions de CO2.
20 millions de tonnes d’émissions en moins sur un an
Les émissions du secteur industriel ont logiquement diminué de 20 millions de tonnes, soit 12% sur un an. La production des activités les plus énergivores, comme la chimie, l’acier ou le papier, a chuté d’environ 20% par rapport à son niveau d’avant le conflit.
C’est d’une « offensive d’investissements » dont l’Allemagne a besoin, selon Agora Energiewende, qui appelle à la transition climatique en sécurisant les dépenses nécessaires.
Un fonds de 60 milliards d’euros a été annulé par une décision de justice en novembre. Cela devait être un investissement d’avenir au nom des règles constitutionnelles allemandes de rigueur budgétaires, qui réduisent les marges de manœuvre du gouvernement.