Antarctique : fonte historique de la banquise liée au réchauffement climatique

Le record de fonte de la banquise mesuré début 2023 en Antarctique aurait été « extrêmement improbable » sans le réchauffement climatique, selon une étude récente. Les effets de ce dernier deviennent visibles sur la glace qui entoure le continent austral depuis seulement quelques années. Cette étude met en lumière l’impact croissant des activités humaines sur l’environnement et les conséquences dramatiques pour l’écosystème antarctique.

Une réduction dramatique de la banquise

Le réchauffement climatique, provoqué par l’activité humaine, a considérablement augmenté la probabilité de voir se produire des événements extrêmes de fonte de la banquise. Les scientifiques du British Antarctic Survey estiment que ce phénomène, autrefois peu probable, est maintenant quatre fois plus susceptible de se produire. « Le réchauffement climatique a multiplié par quatre le risque de voir se produire ce phénomène, qui auparavant n’avait de chance de survenir qu’une fois tous les deux mille ans », expliquent-ils.

En 2023, l’étendue maximale de la banquise, qui fond en été et se reconstitue en hiver, était près de 2 millions de kilomètres carrés inférieure à la moyenne d’un hiver normal, une réduction équivalente à quatre fois la superficie de la France, selon l’observatoire britannique. Cette fonte massive, bien que n’affectant pas immédiatement le niveau de la mer, expose les extrémités de la calotte glaciaire aux assauts des vagues, augmentant le risque de fonte de cette calotte et d’une élévation catastrophique des océans.

Les effets amplifiés par la diminution de la banquise

La banquise joue un rôle crucial dans la régulation du climat en réfléchissant davantage les rayons du soleil que l’océan, plus sombre. Sa disparition accentue ainsi le réchauffement climatique, car moins de rayons sont renvoyés vers l’espace. « Même après 20 ans, [la banquise] ne retrouve pas complètement son niveau d’origine », a déclaré Rachel Diamond, autrice principale de l’étude. Cela signifie que « la surface moyenne de la banquise autour de l’Antarctique pourrait rester encore relativement faible pendant des décennies ».

Jusqu’à récemment, l’étendue de la banquise de l’Antarctique était relativement stable, malgré de fortes variations annuelles. Contrairement au pôle Nord où la fonte est très marquée depuis les années 1970, l’Antarctique semblait plus résistant. Le  triste record de 2023, après sept années successives de fonte plus forte que la normale, marque le début d’une tendance décroissante également en Antarctique.

Des conséquences profondes sur l’écosystème

Les implications de cette fonte record sont vastes et inquiétantes. Louise Sime, coautrice de l’étude, explique : « Les répercussions seraient profondes, notamment sur les conditions météorologiques régionales et mondiales ainsi que sur les écosystèmes uniques de l’océan Austral, notamment les baleines et les manchots ». En effet, cette fonte massive a entraîné des mortalités records chez les poussins de colonies de manchots empereurs en 2022 et 2023, faute de banquise pendant l’été pour soutenir leurs premiers pas, le temps de développer leurs plumes imperméables.

L’étude, publiée dans la revue *Geophysical Research Letters*, analyse également les perspectives de récupération de la banquise dans les années à venir. Les projections ne sont pas vraiment optimistes : « Même après 20 ans, [la banquise] ne retrouve pas complètement son niveau d’origine ». Cela signifie que la surface moyenne de la banquise pourrait rester faible pendant plusieurs décennies, exacerbant les impacts du réchauffement climatique sur la région et au-delà.

Cette nouvelle étude souligne l’urgence d’agir pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Les scientifiques insistent sur le fait que les conséquences du réchauffement climatique sur la banquise antarctique sont désormais évidentes et préoccupantes, nécessitant des mesures globales pour protéger cet écosystème vital et prévenir des catastrophes climatiques à l’échelle mondiale.

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