L’Union européenne (UE) s’engage dans une voie controversée pour atténuer les effets du changement climatique en misant sur le captage du dioxyde de carbone (CO2). Cette stratégie vise à faciliter la transition énergétique, mais suscite des débats animés quant à son efficacité et ses implications à long terme.
L’objectif ambitieux de l’UE pour décarboner
La Commission européenne affirme que les mesures législatives déjà en place permettront à l’UE de se rapprocher de son objectif de réduction nette de 90 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2040. Pour atteindre cette cible ambitieuse, Bruxelles prévoit le captage de 280 millions de tonnes de CO2, avec environ deux tiers stockés et un tiers réutilisés, d’ici 2050.
Maros Sefcovic, vice-président de la Commission, souligne que dans certains secteurs industriels, la transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement est particulièrement difficile et coûteuse. Il insiste sur le fait que l’accélération des technologies de captage et de stockage du CO2 renforcerait la compétitivité tout en assurant une transition socialement équitable.
Les défis technologiques à relever
Malgré cette vision optimiste, des défis majeurs restent à surmonter. Les projets de captage et de stockage du CO2 nécessitent d’importants investissements, notamment dans la construction de pipelines pour le transport du carbone. Joop Hazenberg, directeur de l’Union européenne du CCSA, souligne que ces industries continueront de dépendre des combustibles fossiles, à moins d’adopter des technologies coûteuses de captage du carbone.
Les coûts élevés associés au captage du CO2, pouvant atteindre jusqu’à 100 à 150 euros par tonne, soulèvent des questions sur la viabilité économique de cette stratégie. Pourtant, selon Hazenberg, la technologie est prouvée, avec des exemples de succès en Norvège. Toutefois, le modèle économique doit encore être élaboré, en s’appuyant sur des mécanismes de marché du carbone et des modèles de rémunération de la gestion des déchets.
Les rétissences des ONG et des experts
Malgré les efforts déployés par l’UE, des voix critiques se font entendre. Les ONG, telles que « Real Zero Europe » et Carbon Market Watch, dénoncent le captage du CO2 comme une « distraction dangereuse » et un « écran de fumée » pour prolonger l’utilisation des combustibles fossiles.
Riccardo Nigro, de l’European Environmental Bureau, met en garde contre le risque de dépendance à des technologies coûteuses et non éprouvées à grande échelle. Les ONG craignent également que le captage du CO2 ne soit qu’une solution temporaire, retardant l’adoption de véritables alternatives durables.
Le débat sur le captage du CO2 reste intense, avec des arguments en faveur de son rôle dans la transition énergétique de l’UE, ainsi que des préoccupations quant à sa viabilité économique et environnementale à long terme. Alors que l’UE s’efforce de répondre aux défis du changement climatique, il est essentiel de prendre en compte les perspectives divergentes des parties prenantes et de rechercher des solutions équilibrées et durables pour l’avenir de notre planète.