Carlos Moreno est connu pour être le théoricien de la « ville du quart d’heure. Cee Franco-Colombien de 65 ans sillonne le monde pour expliquer ce concept qu’il prône depuis 2016 notamment à Paris. Le directeur scientifique de la chaire « Entrepreneuriat-Territoire-Innovation » à l’université Panthéon-Sorbonne partage sa vision d’une urbanisation résiliente et durable.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la notion de « ville du quart d’heure » ?
La « ville du quart d’heure » est un concept urbanistique qui vise à créer des espaces de vie où les habitants peuvent accéder à tous les services essentiels à moins de quinze minutes de chez eux, à pied ou à vélo. L’objectif est de favoriser la proximité entre les lieux de résidence, de travail, d’éducation, de santé, de loisirs et de commerces, afin de réduire la dépendance à la voiture et de favoriser une meilleure qualité de vie.
Comment est née cette idée ?
Cette idée est née de la nécessité de repenser nos villes pour les rendre plus résilientes et durables, notamment face aux défis du changement climatique et de la congestion urbaine. L’idée a émergé de mes recherches en urbanisme et de ma volonté de trouver des solutions concrètes pour améliorer la vie en ville.
Quels sont les principaux avantages de ce modèle urbain ?
Le principal avantage de la « ville du quart d’heure » est qu’elle permet de réduire les distances parcourues quotidiennement par les habitants, ce qui contribue à désengorger les villes, à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à améliorer la qualité de l’air. En favorisant la proximité, ce modèle permet également de renforcer le lien social et de dynamiser les quartiers.
Comment ce concept est-il mis en œuvre concrètement ?
La mise en œuvre de la « ville du quart d’heure » passe par une réorganisation de l’espace urbain, avec la création de pôles de proximité regroupant les différents services et équipements nécessaires à la vie quotidienne. Cela peut passer par la création de zones piétonnes, le développement des transports en commun, la multiplication des espaces verts et la promotion des modes de déplacement doux.L’ouest parisien – son quartier d’affaires de la Défense et les sièges sociaux des entreprises – sera colorié en mode +travail+, l’est en mode +habitat+, et HLM pour le nord-est, le centre en équipements culturels et si l’on mélange, on obtient un +arc-en-ciel de la qualité de vie+.
Quels sont les défis à relever pour généraliser ce modèle urbain ?
L’un des principaux défis est de changer les mentalités et les habitudes de vie des habitants, qui sont souvent habitués à utiliser leur voiture pour se déplacer. Il est également nécessaire de repenser l’aménagement urbain et de mobiliser les acteurs locaux autour d’une vision commune de la ville. Enfin, il est essentiel d’impliquer les pouvoirs publics pour mettre en place les infrastructures nécessaires et promouvoir ce modèle urbain à l’échelle nationale et internationale.
