Le manque de neige devient un enjeu majeur pour l’image du ski, en particulier dans les stations de sports d’hiver comme Saalbach, en Autriche. Robert Steiger, expert en adaptation au changement climatique, analyse les défis auxquels ces stations font face et leurs conséquences pour le sport.
Un avenir incertain pour les stations de ski
Le changement climatique impacte directement les stations de sports d’hiver, en particulier celles situées dans des zones où l’enneigement naturel devient de plus en plus rare. Le professeur Robert Steiger, « spécialiste en adaptation au changement climatique » à l’université d’Innsbrück, explique les effets croissants de ce phénomène.
Comment se manifeste le changement climatique dans des stations comme Saalbach ?
« Depuis quelques années, nous constatons un besoin croissant de produire de la neige artificielle. Cela représente un investissement important si l’on veut maintenir un bon enneigement. Le changement climatique entraîne cette nécessité. Une autre conséquence majeure, c’est que la saison de ski devient moins prévisible. La neige arrive plus tard, obligeant les stations à ouvrir plus tard que d’habitude et à fermer plus tôt. Ce phénomène ne fait que s’intensifier avec le temps et il touchera de plus en plus de skieurs dans les années à venir. »
Les stations de ski comme Saalbach doivent donc faire face à une double contrainte : l’augmentation des coûts pour produire de la neige artificielle et la gestion d’une saison de ski de plus en plus courte.
Des investissements essentiels face à l’incertitude
La question cruciale qui se pose aux stations de ski concerne leur capacité à investir dans la technologie de la neige artificielle. Si certaines stations peuvent se permettre ces investissements, d’autres risquent de se retrouver à la traîne, avec des conséquences majeures sur leur viabilité à long terme.
Quels sont les défis pour ces stations ?
« Le véritable défi est financier. Si les stations n’ont pas les moyens de produire de la neige artificielle, elles devront explorer des alternatives. Mais ces solutions ne sont pas simples. Les skieurs veulent avant tout de la neige, c’est ce qu’ils attendent des stations. Il devient donc indispensable de diversifier les offres pour attirer d’autres types de clients, mais cela reste complexe. Promouvoir le tourisme estival pourrait être une option, mais cela ne résout pas le problème immédiat de la neige. »
Cette évolution de la demande force les stations à réinventer leur modèle économique. Les stations qui ne pourront pas évoluer risquent de voir leur afflux de touristes diminuer. De plus, une diversification vers d’autres types de tourisme, comme l’été, n’est pas une solution miracle pour toutes les stations.
Les compétitions de ski : un avenir incertain
Le manque de neige et l’incertitude climatique touchent aussi les compétitions de ski, qui risquent de souffrir de conditions météorologiques imprévisibles. La question est de savoir jusqu’à quel point les compétitions peuvent se maintenir dans de telles conditions.
Les compétitions de ski sont-elles menacées par ces changements ?
« Tout dépend de la période à laquelle la compétition se déroule. Si elle se tient en février, comme actuellement à Saalbach, il est encore possible de maintenir les compétitions dans de bonnes conditions. Mais comme l’a prouvé l’année dernière, avec les finales de la Coupe du monde fin mars, tout peut basculer. Il y avait peu de neige, et les températures étaient douces. Heureusement, il a neigé, mais ça aurait pu être le contraire, et dans ce cas, la situation aurait été critique. Si la neige artificielle devient la norme pour garantir la tenue de ces événements, cela peut créer une image moins naturelle. À terme, des paysages verts ou marron avec quelques traces de neige ne seront plus acceptables. »
Les compétitions qui manquent de neige naturelle risquent de perdre en crédibilité aux yeux des spectateurs, qui attendent une certaine image du ski, en particulier pour des événements d’envergure mondiale.
L’impact environnemental et l’image du ski
Au-delà de la production de neige artificielle, l’impact écologique des stations de ski et des compétitions de ski devient un sujet de débat. L’impact environnemental de ces événements, souvent dans des régions montagneuses déjà fragilisées par le changement climatique, est de plus en plus critiqué.
Les compétitions de ski risquent-elles d’être perçues comme une aberration écologique ?
« Les organisateurs doivent absolument réfléchir à la durabilité des événements, notamment en matière de mobilité. Mais, sur le plan scientifique, la production de neige artificielle ne change pas fondamentalement l’impact énergétique. Que la neige soit naturelle ou artificielle, les ressources nécessaires restent les mêmes pour garantir des conditions de compétition équitables. Cependant, l’aspect visuel reste un véritable défi. Lorsque les montagnes sont vertes et qu’on y organise des compétitions de ski, cela pose un problème de communication. L’image de ces événements devient difficile à vendre, surtout aux non-initiés. »
La durabilité des stations de ski et des compétitions, combinée à l’impact écologique, devient un point de friction pour les organisateurs, les autorités locales et les skieurs eux-mêmes.