Colère des agriculteurs : qu’est-ce que l’agroécologie ?

Des ONG écologistes reconnaissent le « désarroi légitime » des agriculteurs mobilisés. La transition agroécologique leur est présentée comme la meilleure réponse à de multiples difficultés alors que ce sont les normes environnementales que ciblent une partie du monde agricole.

L’agroécologie est la « seule voie » selon le Réseau Action climat

« La colère et la mobilisation des agriculteurs expriment un désarroi légitime face à l’absence d’accompagnement de l’État et à un système économique qui les broie », déclare Réseau Action Climat (RAC) dans un communiqué.

Mais « face aux discours réducteurs de certains acteurs ciblant les mesures environnementales, le Réseau Action Climat rappelle que la transition agroécologique et juste est la seule voie permettant la pérennité de notre agriculture ».

À la source de cette crise, le RAC mentionne « le non-respect de la loi Egalim dans les négociations commerciales avec les industriels et la grande distribution », en France mais aussi l’industrialisation d’autres filières et leur exposition aux marchés internationaux volatiles.

La concurrence faussée est aussi mise en cause, avec des importations qui ne répondent pas aux mêmes normes, faute de mesures miroirs », notamment à travers les accords de libre-échange qui comprennent le traité avec la Nouvelle Zélande ou le Mercosur.

La gauche, aussi sceptique sur le libre-échange en France

Le réseau rejoint ici la gauche qui critique le libre-échange en France. « Je ne suis pas d’accord pour faire rentrer l’agriculture dans la grande machine à laver de la mondialisation », déclare François Ruffin (La France Insoumise, gauche radicale) sur RMC/BFMTV.

L’ONG rappelle que les effets du changement climatique (sécheresse, inondations) « sont malheureusement déjà là », « touchent de plein fouet les agriculteurs », « en première ligne », et « vont s’aggraver », en précisant qu’ « Il serait dramatique de rejeter les politiques publiques environnementales et climatiques au moment où elles deviennent plus que jamais nécessaires »

« Nous appelons donc le gouvernement à fixer un cap clair et à accompagner massivement les agriculteurs à adapter leurs pratiques vers la transition agroécologique, via un meilleur fléchage des aides agricoles notamment », conclut le RAC.

« Il faut au contraire que l’écologie devienne le moteur d’une nouvelle prospérité paysanne »

« Le WWF comprend et soutient nombre des revendications exprimées, à commencer par celle de la juste rémunération des agriculteurs, autant dans les négociations commerciales que par le soutien que leur doit l’Etat et l’Union Européenne », martèle le directeur du plaidoyer au WWF-France, Jean Burkhard, dans un communiqué distinct.

« Une agriculture économe en pesticides et en eau est la condition indispensable de sa durabilité, de sa compétitivité et même de sa survie », ajoute-t-il.

« Il serait fou de croire que l’agriculture pourrait revivre par l’épuisement de la nature sur laquelle elle est assise. Il faut au contraire que l’écologie, par des mesures claires, accompagnées et financées devienne le moteur d’une nouvelle prospérité paysanne ».

L’association française Ligue de protection des oiseaux (LPO), jointe par l’AFP, partage l’essentiel de ces discours.

« On veut la même chose que les agriculteurs, une transformation en profondeur du monde agricole », qui leur donne de « la dignité » et une « juste rémunération », défend son directeur général Cédric Marteau.

« Une grande partie des agriculteurs le font déjà »

Cédric Marteau précise que « l’agriculture a un rôle majeur à jouer (…) » face au défi climatique et au défi de la biodiversité. « Une grande partie des agriculteurs le font déjà », dit-il en citant l’exemple des de la transition des éleveurs partenaires de la LPO dans le marais breton en Vendée.

La LPO fustige toutefois la remise en cause par la FNSEA, comme les autres ONG ainsi que le syndicat agricole majoritaire en France de la réduction des intrants chimiques : « le plan (français NDLR) Ecophyto, on l’a construit ensemble (…) l’objectif de -50% date du Grenelle de l’Environnement » en 2007, souligne Cédric Marteau, au lieu de ça l’usage augmente dans l’Hexagone.

Il plaide aussi pour le respect des objectifs de replantation des haies ou de préservation de l’eau : « On peut discuter des délais, c’est entendable, mais on ne peut pas remettre en cause l’objectif commun » conclut-il.

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