Crises environnementales : l’ONU tire la sonnette d’alarme

Un rapport des experts de l’ONU met en lumière l’interconnexion des crises de la biodiversité, du climat et de la santé. Ces défis mondiaux menacent non seulement les écosystèmes essentiels, mais aussi la survie de millions d’espèces, y compris l’humanité. Les experts de l’IPBES appellent à une approche globale pour répondre aux enjeux environnementaux, soutenue par près de 150 pays et trois ans de recherches menées par 165 scientifiques.

Les liens entre agriculture, climat et biodiversité : un cercle vicieux

Les pratiques agricoles non durables sont au cœur des crises mondiales qui touchent la biodiversité, l’environnement et la santé. En particulier, l’usage excessif d’engrais et de pesticides chimiques engendre une perte de biodiversité, une pollution de l’eau et une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Ces pratiques nuisent également aux sols et à la qualité de l’air, contribuant ainsi au changement climatique tout en affectant les ressources naturelles qui sont indispensables à notre survie. L’impact direct sur les écosystèmes est une cause majeure de la destruction de certaines espèces et la disparition de certaines ressources cruciales.

L’un des exemples les plus frappants concerne les récifs coralliens. Ces écosystèmes marins sont gravement affectés par le réchauffement des océans, mais aussi par la pollution, la surpêche et la dégradation de l’habitat. Selon les experts, les récifs coralliens pourraient disparaître à l’échelle mondiale dans les 10 à 50 prochaines années si les pratiques destructrices perdurent. Même si les efforts pour contrer le réchauffement climatique sont redoublés, les récifs coralliens continueront à souffrir des autres menaces humaines.

Une réponse globale et cohérente : des solutions adaptées pour un futur viable

Les experts insistent sur l’importance d’une réponse cohérente et interconnectée aux crises mondiales. Ils avertissent que tenter de résoudre une crise en ignorant les autres peut entraîner des conséquences catastrophiques. Une approche qui se concentre uniquement sur le changement climatique sans tenir compte des impacts sur la biodiversité pourrait aggraver la situation. Par exemple, des solutions comme la plantation massive d’arbres pour absorber le CO2 peuvent avoir des effets néfastes si les espèces choisies ne sont pas adaptées aux écosystèmes locaux, menaçant ainsi la biodiversité locale. De même, certains projets d’énergies renouvelables, tels que les parcs éoliens, bien qu’ayant un impact positif sur le climat, peuvent entraîner des risques pour la faune locale, notamment en augmentant la mortalité des oiseaux et des chauves-souris.

Dans ce contexte, l’IPBES propose 71 solutions efficaces et adaptées aux crises interconnectées. Parmi celles-ci, la réduction de la consommation de viande est citée comme un exemple clé, car elle peut réduire les émissions de gaz à effet de serre, diminuer la pression sur les terres agricoles et améliorer la santé des populations. Les experts soulignent également l’importance de la gestion durable des écosystèmes marins, comme les zones marines protégées, qui ont montré des résultats probants en matière de biodiversité, d’augmentation des populations de poissons et de développement économique local. Ces zones ont également eu des effets bénéfiques sur le tourisme, créant des emplois tout en préservant la biodiversité.

Des exemples concrets de solutions durables à travers le monde

Certaines initiatives témoignent déjà de l’efficacité d’une approche durable et interconnectée. À Paris, des financements ont été alloués pour soutenir les agriculteurs dans l’adoption de pratiques agricoles durables. Ces actions contribuent à améliorer la santé publique et l’environnement, tout en réduisant potentiellement les coûts liés au traitement des eaux. En Californie, une interdiction du brûlage des chaumes de riz, adoptée pour améliorer la santé respiratoire des habitants, a également permis de restaurer les habitats des saumons, montrant ainsi qu’une approche intégrée peut produire des bénéfices pour plusieurs secteurs.

Cependant, des divisions subsistent sur certains enjeux plus complexes. Les discussions autour des exportations agricoles, des énergies fossiles et des plastiques à usage unique ont été sources de tensions entre les pays. Un exemple notable de cette divergence est l’absence du terme « changement climatique » dans le titre du rapport, malgré les multiples références à ce phénomène dans le contenu. Ces tensions ont également perturbé d’autres négociations environnementales menées par l’ONU sur la biodiversité, la gestion des plastiques et la désertification.

Une économie dépendante de la nature : un appel à la transition

Un des points majeurs du rapport est l’énorme coût environnemental et sociétal lié aux activités humaines. L’économie mondiale dépend à 50% des services fournis par la nature, mais les sociétés humaines dépensent plus pour détruire la nature que pour la protéger. Les coûts sociaux et environnementaux des énergies fossiles, de l’agriculture intensive et de la pêche excessive atteignent des sommes astronomiques, estimées à 25 000 milliards de dollars par an, soit un quart du PIB mondial. Cette réalité souligne l’urgence de réorienter les politiques économiques mondiales vers la préservation des écosystèmes et la transition vers une économie plus verte et plus durable.

L’heure est à l’action collective

Le rapport des experts de l’IPBES révèle la nécessité d’adopter des solutions globales pour répondre aux crises écologiques et sanitaires qui affectent notre planète. Les défis sont considérables, mais il existe des réponses efficaces, et certains pays ont déjà pris des mesures prometteuses. L’enjeu est désormais de dépasser les divergences entre États et de travailler ensemble pour préserver notre planète, dans le respect des écosystèmes et au bénéfice des générations futures.

Les crises interconnectées que sont la biodiversité, le climat et la santé ne peuvent plus être traitées isolément. Une approche coordonnée et ambitieuse est indispensable pour garantir un avenir durable et prospère pour tous.

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