Plus de deux jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, Mayotte reste une île meurtrie. Alors que les secours se déploient pour retrouver des survivants, la solidarité et les mesures d’urgence se multiplient pour venir en aide à la population.
Une île dévastée : le bilan s’alourdit
Le cyclone Chido, l’un des plus puissants à avoir frappé Mayotte depuis 90 ans, a causé des destructions massives et des pertes humaines. Plus de deux jours après l’événement, les autorités tentent de dresser un premier bilan. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de retour à La Réunion après avoir visité l’île, confirme que l’habitat précaire, notamment les bidonvilles, a été totalement anéanti. « L’île est complètement dévastée. L’habitat précaire, les bidonvilles, il n’en reste plus rien », déclare-t-il.
Les premières estimations du nombre de victimes sont inquiétantes, avec des autorités craignant « plusieurs centaines » de morts, voire « quelques milliers ». Bruno Retailleau s’abstient toutefois de tout pronostic, expliquant qu’il faudra « des jours et des jours » avant d’obtenir un bilan précis. Un aspect complexe du recensement des victimes est lié aux rites musulmans de Mayotte, qui font que de nombreux défunts ont probablement été enterrés dans les 24 heures suivant leur décès, compliquant ainsi le décompte officiel.
Des mesures d’urgence pour sauver les habitants
Face à cette catastrophe, les autorités se concentrent sur l’urgence : secourir les blessés et répondre aux besoins vitaux en eau et en nourriture. Le président Emmanuel Macron a annoncé un deuil national pour honorer les victimes et a promis des mesures de soutien rapide pour la population. « Il s’agit de faire face aux urgences et de commencer à préparer l’avenir », a-t-il expliqué sur X, après une réunion gouvernementale de crise.
Dans le cadre des évacuations, 25 premiers patients ont été transférés lundi soir vers La Réunion pour recevoir des soins. Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé démissionnaire, indique que cette première vague fait partie de l’effort global pour désengorger les hôpitaux de Mayotte, gravement touchés par les destructions. Le rétablissement de l’eau courante fait partie des priorités et les autorités assurent que 50% du réseau sera rétabli dans les 48 heures.
« Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes », affirme une source proche des autorités. Le ministre démissionnaire de l’Économie, Antoine Armand, a également promis de présenter des mesures pour assurer la continuité de l’État et venir en aide aux Mahorais le plus rapidement possible.
Une situation désastreuse pour l’économie locale
Le passage de Chido ne touche pas seulement la population, mais aussi l’économie de Mayotte, déjà fragile. Le secteur des télécommunications est particulièrement touché, avec une grande partie de l’archipel sans réseau, un problème qui impacte directement la sécurité et la reprise économique. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, déplore cette situation, soulignant que les télécoms sont « prioritaires » pour permettre une reprise rapide.
De nombreuses entreprises locales ont subi des dégâts importants, avec des pertes financières considérables et des cas de pillages signalés. Le Medef, la CPME et l’U2P appellent à des mesures urgentes de soutien pour aider les entreprises à se remettre de cette catastrophe.
Renforts et soutien international
Pour faire face à l’ampleur de la tragédie, un dispositif d’aide massif est déployé. Un pont aérien et maritime est mis en place depuis La Réunion, distante de 1 400 km, pour envoyer du matériel et des renforts médicaux. Au total, 800 membres de la sécurité civile et un hôpital de campagne ont été envoyés pour aider à la gestion de la crise.
EDF a également dépêché des équipes pour rétablir l’électricité et reconstruire le réseau électrique, tandis que des détachements supplémentaires de secours, comprenant 150 sapeurs-pompiers et sapeurs-sauveteurs, sont arrivés sur place pour renforcer l’effort de recherche et de secours.
Une situation exacerbée par le réchauffement climatique
Chido est le cyclone le plus dévastateur de l’archipel depuis près d’un siècle, avec des vents soufflant à plus de 220 km/h. Les conditions météorologiques de cette année, notamment des températures de surface de l’eau proches de 30°C, ont créé un environnement favorable au développement de cyclones puissants. Ce phénomène de réchauffement climatique est également observé dans d’autres régions du monde, comme l’Atlantique Nord et le Pacifique.
François Gourand, prévisionniste à Météo-France, souligne que le cyclone Chido est particulièrement « exceptionnel » car il a frappé directement l’archipel, contrairement aux cyclones précédents qui épargnaient souvent l’île. La situation reste tendue, mais les secours et la solidarité internationale se poursuivent pour tenter de sauver ce qui peut l’être et reconstruire Mayotte.