Dans une histoire digne des plus beaux scénarios de cinéma, David Hertzog Dessites, ancien balayeur des marches du Festival de Cannes, gravit cette année ces mêmes marches en tant que réalisateur sélectionné. À 51 ans, il présente son documentaire « Il était une fois Michel Legrand » dans la section Cannes Classics. Cette section est dédiée aux copies restaurées et aux documentaires, un cadre parfait pour son hommage au célèbre musicien Michel Legrand.
Un rêve de cinéma devenu réalité
David Hertzog Dessites partagé son sentiment de réaliser un rêve d’enfant : « L’adulte que je suis a pris l’enfant qu’il était par la main pour réaliser son rêve ». Originaire de Cannes, il a longtemps nourri une passion pour le cinéma. Sa sélection à Cannes Classics lui a rappelé une scène marquante de son passé : « Un matin vers 4h00, dans ma tenue de balayeur, il n’y avait pas de gardien à l’époque sur les marches, je me suis allongé sur le tapis rouge en me disant +je reviendrai ici avec mon film+ ».
De balayeur à festivalier en clandestin
David Hertzog Dessites a grandi avec une admiration pour le Festival de Cannes, souvent accompagné par sa mère pour apercevoir les stars sur le tapis rouge. À 20 ans, sa vie a pris un tournant tragique lorsque sa mère, employée municipale, est décédée à 48 ans. La ville de Cannes lui a alors offert un emploi de balayeur, l’amenant à travailler parfois de 3 à 8 heures du matin sur le tapis rouge et ses abords. Ce poste lui a donné l’opportunité de vivre le festival de l’intérieur, bien que clandestinement, grâce à des amis travaillant pour l’événement.
Il se souvient particulièrement d’une projection matinale de « Pulp Fiction » de Quentin Tarantino, à laquelle il a réussi à se faufiler : « J’ai vu Clint Eastwood (président du jury) se prendre le visage dans les mains tellement il était mort de rire ».
La perte de sa mère a été un moteur pour David Hertzog Dessites, transformant sa peine en énergie créative. En autodidacte, il a acheté sa première caméra, se lançant dans la réalisation de documentaires. En 1999, il finance de sa poche un voyage aux États-Unis pour filmer les fans de « Star Wars » attendant la sortie de « La Menace fantôme ». Son documentaire sur ces passionnés attire l’attention, marquant le début de sa carrière.
La rencontre avec Michel Legrand
La musique de Michel Legrand a marqué la vie de David Hertzog Dessites depuis son enfance. Ses parents se sont rencontrés en allant voir « L’affaire Thomas Crown » et possédaient le 45 tours de la musique composée par Legrand. Les séries télévisées « Il était une fois… la vie » et « Oum le dauphin blanc », ainsi que la bande originale de « Yentl », ont laissé une impression durable sur lui.
En 2017, il rencontre Michel Legrand lors d’un concert à Cannes. Assis au pied du piano, il confie au musicien : « si j’existe, c’est un peu grâce à vous ». Michel Legrand, touché par cette histoire, lui répond : « C’est formidable cette histoire, j’adore ». Cette rencontre débouche sur la réalisation du documentaire « Il était une fois Michel Legrand », pour lequel Legrand donne carte blanche à Dessites, malgré son exigence et son caractère complexe.
Un hommage à un génie de la musique
« Il était une fois Michel Legrand » couvre les deux dernières années de la vie du compositeur, tout en retraçant sa carrière légendaire, notamment ses contributions aux « Parapluies de Cherbourg ». Michel Legrand, décédé en 2019 à l’âge de 86 ans, a laissé un héritage musical immense. David Hertzog Dessites rend hommage à ce géant de la musique avec un documentaire qui promet d’émouvoir et d’inspirer.
David Hertzog Dessites monte désormais les marches du Festival de Cannes en tant que réalisateur, réalisant ainsi un rêve qu’il a caressé depuis des décennies. Son parcours est un témoignage de persévérance et de passion, transformant une vie de balayeur en une carrière de cinéaste reconnu