Des villes plus vertes pour une meilleure santé publique

Une étude menée par Santé publique France révèle que les politiques publiques axées sur le verdissement urbain, les mobilités actives, la réduction de la pollution de l’air et du bruit, ainsi que la gestion de la chaleur en ville peuvent significativement améliorer la santé publique. En particulier, ces mesures pourraient éviter de nombreuses morts prématurées dans les grandes métropoles françaises.

Le pouvoir insoupçonné de la nature en ville

Les bienfaits du verdissement urbain vont bien au-delà de la simple amélioration esthétique des villes. Selon une étude de Santé publique France, augmenter le nombre d’espaces verts en milieu urbain pourrait avoir un impact majeur sur la santé des habitants. « En végétalisant davantage, la mortalité pourrait être réduite de 3 à 7 % selon la métropole, soit de 80 à 300 décès par an », affirment les chercheurs. Cette réduction de la mortalité pourrait être atteinte en atteignant, dans tous les quartiers, les niveaux de végétation des zones les plus vertes. L’étude montre que la nature en ville n’est pas seulement un moyen d’embellir les espaces, mais aussi une véritable alliée pour réduire les risques de maladies et de décès prématurés.

Marcher et pédaler pour une vie plus longue

Le rapport se penche aussi sur l’impact des mobilités actives, telles que la marche et le vélo, qui jouent un rôle clé dans la réduction de la mortalité. « Si chaque habitant de 30 ans et plus marchait 10 minutes de plus chaque jour, la mortalité pourrait diminuer de 3 %, soit de 100 à 300 décès par an », expliquent les auteurs de l’étude. De plus, la pratique quotidienne du vélo pourrait réduire la mortalité de 6 %, soit de 200 à 600 décès annuels. Ces données montrent clairement que de simples gestes quotidiens, comme prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur ou privilégier le vélo à la voiture, peuvent avoir des conséquences positives sur la santé publique.

Une meilleure qualité de l’air pour sauver des vies

La pollution de l’air, un problème majeur dans les grandes villes, est un autre facteur environnemental dont l’impact sur la santé ne peut être ignoré. Selon l’OMS, l’exposition à des niveaux élevés de particules fines (PM2,5) est responsable de nombreux décès chaque année. En respectant les seuils d’exposition recommandés par l’Organisation mondiale de la santé, il serait possible de réduire la mortalité annuelle de 7 à 12 % dans certaines métropoles. Cela pourrait se traduire par la prévention de 300 à 1.000 décès par an, selon les zones étudiées.

Contre le bruit et la chaleur : des actions pour la santé

Outre la pollution de l’air, la gestion du bruit et de la chaleur en milieu urbain joue également un rôle crucial dans la santé des citoyens. Le bruit des transports, par exemple, perturbe le sommeil et engendre des problèmes cardiovasculaires. « Le respect des valeurs recommandées par l’OMS permettrait d’améliorer le sommeil de plusieurs milliers de personnes et d’éviter de 20 à 90 hospitalisations pour maladie cardiovasculaire », note l’étude. De même, les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes, sont responsables de nombreux décès pendant l’été. L’étude estime qu’elles seraient à l’origine de 35 à 90 décès par an, selon la métropole.

Un impact collectif

Tous ces bénéfices ne se mesurent pas à l’échelle individuelle, mais bien à l’échelle de la population d’une ville. « Si chaque personne augmente de dix minutes sa pratique, cela fait une quantité d’activité physique sur l’ensemble de la population métropolitaine, avec tel ou tel impact de santé », explique Mathilde Pascal, chargée d’études à Santé publique France. L’étude de Santé publique France insiste sur l’importance des actions collectives, même petites, pour améliorer la qualité de vie en ville. De nombreuses villes françaises mettent déjà en place des plans d’action pour améliorer l’urbanisme, augmenter les espaces verts et promouvoir les mobilités actives. Ces résultats viennent illustrer l’importance de ces mesures dans la protection de la santé publique.

Des résultats à l’échelle nationale

En partenariat avec trois métropoles françaises – Lille, Montpellier et Rouen – cette étude est la première à évaluer quantitativement l’impact de l’environnement urbain sur la santé de manière aussi précise. L’objectif est d’aider les collectivités locales à orienter leurs politiques publiques en matière d’aménagement urbain, de mobilité et de qualité de l’air. Comme le souligne Mélina Le Barbier, directrice adjointe de la direction Santé Environnement Travail, « ces actions essentielles dans la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité contribuent également à protéger la santé ».

Les résultats de l’étude appellent ainsi à une prise de conscience collective : en réorganisant nos villes autour de principes plus verts, plus actifs et plus respectueux de l’environnement, il est possible de sauver des vies et d’améliorer la santé publique à grande échelle.

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