Faune marine du Pacifique : des écosystèmes uniques en péril

Des chercheurs français de l’Ifremer ont mis en évidence une faune à la fois unique et vulnérable dans les grands fonds marins du Pacifique sud-ouest, une région convoitée par les industries minières. Ces espèces, recensées lors d’une campagne océanographique, pourraient être gravement menacées par l’exploitation des sulfures polymétalliques.

Une biodiversité unique dans les profondeurs

Lors d’une expédition à bord du navire océanographique L’Atalante, les chercheurs ont exploré quatre bassins du Pacifique sud-ouest abritant des sources hydrothermales. Ces geysers sous-marins, où l’eau chargée en composés chimiques s’échappe, sont une véritable mine d’or biologique.

Selon Marjolaine Matabos, biologiste marine à l’Ifremer, ces écosystèmes reposent sur la chimiosynthèse, un processus différent de la photosynthèse. La publication dans la revue Science of the Total Environment met en lumière 74 espèces répertoriées à des profondeurs allant de 1 200 à 1 700 mètres, dans le bassin de Manus, au nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Parmi elles, 29 ne se trouvent nulle part ailleurs. « Dans la région, c’est très fragmenté : on a des espèces réduites à une très petite aire géographique », précise Mme Matabos.

Des menaces liées à l’exploitation minière

Ces cheminées hydrothermales émettent des sulfures polymétalliques prisés pour l’industrie du numérique, des batteries électriques ou encore l’aérospatial. Cependant, leur exploitation pourrait anéantir des écosystèmes entiers. « On peut perdre tout un banc de biodiversité qui sera incapable de se restaurer », alerte Mme Matabos.

Ces habitats ne se contentent pas d’abriter des espèces uniques. Ils jouent aussi un rôle crucial dans les écosystèmes marins. Selon les recherches, les communautés de poissons sont différentes et les cétacés plus abondants au-dessus de ces systèmes hydrothermaux. « C’est potentiellement tout l’écosystème océanique qu’on affecte si on commence à perdre cette diversité hydrothermale », souligne-t-elle.

Un appel à la vigilance

Face à ces constats, l’Ifremer insiste sur l’importance de préserver ces environnements sensibles. « Ces résultats appellent à une vigilance extrême quant aux impacts environnementaux des activités minières sous-marines si elles venaient à voir le jour », précise le communiqué.

La campagne, financée par l’Agence nationale de la recherche, s’est déroulée en 2019 dans les eaux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des îles Tonga, des Fidji et de la France. Les chercheurs ont utilisé le véhicule sous-marin téléopéré « Victor 6000 » pour effectuer leurs prélèvements. Cette étude illustre une fois de plus la nécessité d’intégrer la préservation de la biodiversité dans les décisions liées à l’exploitation des ressources marines.

 

AccueilEcologieFaune marine du Pacifique : des écosystèmes uniques en péril
D'autres publications