Alors que les fous de Bassan s’apprêtent à revenir en Bretagne pour établir leurs nids sur l’île Rouzic, la menace des déchets plastiques plane sur l’unique colonie française de cette espèce d’oiseaux. La grippe aviaire a déjà entraîné une baisse significative de la colonie, et d’autres menaces telles que la diminution des ressources en maquereaux et le réchauffement climatique ajoutent à la vulnérabilité de ces oiseaux marins.
La bataille pour sauver une espèce emblématique
« La colonie a été décimée par la grippe aviaire », explique Cédric Marteau, directeur général de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). D’autres menaces planent, et avec seulement 54 colonies de fous de Bassan dans le monde, chaque individu compte. « Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre des individus. »
La réserve naturelle nationale des Sept-Iles, comprenant Rouzic, abritait en 2022 environ 11 500 couples de fous de Bassan, en baisse par rapport aux 19 000 de l’année précédente.
L’Office français de la biodiversité (OFB), en collaboration avec la LPO, a lancé une opération de nettoyage, soutenue par l’Union européenne, avant le retour imminent des fous de Bassan dans leurs nids. « Le programme est prévu pour durer cinq ans. »
Le délicat travail des volontaires face à une menace invisible
Arborant gants, sécateurs et sacs à déchets, des membres de la LPO et de l’OFB débarquent sur l’île Rouzic, habituellement préservée des intrusions humaines. « L’opération (de nettoyage) commence au sommet de l’île, c’est un travail qui va prendre des années », souligne Pascal Provost, conservateur de la réserve naturelle.
Chaque année, 30 à 50 fous de Bassan sont retrouvés morts sur l’île Rouzic, pris par les pattes, les ailes, la tête ou le bec dans des cordelettes ou des filets provenant souvent d’engins de pêche. « C’est dans la terre, ça vient, ça ne vient pas ? Regarde, j’arrive à le prendre sans déstructurer le nid », commente Dominique Chevillon de la LPO.
Préservation de l’habitat vers un avenir plus propre pour les océans
« C’est révélateur de l’état de la mer », s’alarme Allain Bougrain-Dubourg, président de la LPO, en soulignant la présence de débris plastiques sur une île fermée aux humains. « L’enjeu est de conserver l’habitat de reproduction », explique Pascal Provost. Des négociations internationales pour un traité sur la réduction des déchets plastiques sont en cours dans le cadre de l’ONU, avec une échéance fixée à fin 2024.
En France, le Premier ministre Gabriel Attal a promis un plan de réduction de la pollution plastique visant 50 sites, dont les contours doivent encore être précisés. « Des expérimentations sont en cours pour obtenir des filets biodégradables », rappelle Olivier Thibault, directeur général de l’OFB.
L’urgence d’actions mondiales se fait sentir, avec des centaines de milliers, voire des millions de tonnes de plastique se déversant dans les océans chaque année. La société doit s’engager à changer ses pratiques pour sauver cette espèce emblématique, car les déchets plastiques ne menacent pas seulement les fous de Bassan, mais l’équilibre écologique de nos océans.