Inondations : des maisons déconstruites et des zones déclarées inhabitables

Dans le Pas-de-Calais, il n’est pas exclu de déclarer les zones inondées comme étant inhabitables. Ce n’est pas une nouveauté, car dans le passé des centaines de maisons ont été déconstruites en Vendée et en Charente-Maritime après la tempête Xynthia. Même phénomène pour plusieurs dizaines de maisons plus récemment dans les Alpes-Maritimes.

Un zonage trop dangereux

Après le passage de la tempête Xynthia en 2010, qui avait fait 47 morts, un zonage des endroits trop dangereux avait été fait pour y permettre le maintien ou la reconstruction d’habitations avait été établi.

Les propriétaires pouvaient y revendre leur bien à l’État au prix du marché avant la tempête. Le fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), dit « fonds Barnier », avaient couverts les indemnisations.

Plus de 800 biens ont été rachetés en Vendée, « 704 biens acquis à l’amiable, indemnisés et déconstruits, 101 biens expropriés, indemnisés et déconstruits », pour un coût de plus de 175 millions d’euros au 31 décembre 2021, selon la préfecture. En Charente-Maritime, 458 biens avaient été rachetés en 2012, pour 141,8 millions d’euros, d’après la Cour des comptes.

« L’État se doit de protéger la population »

Laurent Huger, maire de l’Aiguillon-la-Presqu’île (Vendée) explique que « des centaines de maisons ont été déconstruites, avec aucune possibilité de reconstruction. Il y a eu une renaturation de zones auparavant urbanisées » qui fusionne désormais des communes où sont mortes 29 personnes lors de la tempête, l’Aiguillon-sur-Mer et La-Faute-sur-Mer.

Il considère que « l’État se doit de protéger la population », et se souvient de décisions qui ont généré un « traumatisme profond » chez les habitants de sa commune : « Les gens pleuraient devant nous, et il y en a qui ne s’en remettent toujours pas. »

Dans la principale commune de Charente-Maritime, Charron, concernée par les déconstructions financées par l’État après Xynthia, qui avait fait trois morts dans le village, « plus de 80 maisons n’auraient jamais dû être détruites » sur les 180 à 200 biens concernés, explique Marie-Ange Morin, présidente de l’Ausec (Association pour l’urgence de la sauvegarde et l’essor de Charron).

Une inégalité dans les indemnisations

Une « injustice » sur les critères d’indemnisation, dénonce-t-elle. Elle ajoute que « certaines personnes ont été remboursées très généreusement et d’autres beaucoup moins. Selon les personnes qui venaient visiter les maisons, les remboursements n’étaient pas du tout les mêmes »

Les indemnisations avaient été « très complètes mais avec des incohérences », estime la Cour des Comptes dans un rapport publié en 2012. « La situation de chaque habitation n’a pas été analysée, et, a fortiori, il n’a pas été vérifié, au cas par cas, si d’autres moyens de protection n’auraient pas été moins coûteux », notifie le rapport.

La commune de Mandelieu-la-Napoule, dans les Alpes-Maritimes, a aussi eu recours au FPRNM pour racheter des villas situées en « zone rouge » inondable. Plusieurs dizaines de villas sont concernées, toutes sinistrées en 2015 puis en 2019. Seuls cinq propriétaires acceptent de vendre pour le moment, pour un total de 3 millions d’euros. Les démolitions ont débuté au mois de novembre. Des dizaines d’habitations ont été rachetées après le passage de la tempête Alex en 2020, dans les vallées de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya.

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