La COP29 met l’accent sur la finance climatique, mais les détails restent en suspens

Le président azerbaïdjanais de la COP29 souhaite que l’octroi des milliards de dollars nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique devienne un « pilier »  des discussions climatiques annuelles de l’ONU en novembre. Une intention qui ne définit pas non pour l’instant propositions concrètes.

« Maintenir en vie l’objectif de 1,5°C »

Moukhtar Babayev a pris la parole à Berlin lors de l’ouverture du Petersberg Climate Dialogue, un rendez-vous diplomatique crucial du calendrier, où il a esquissé les contours d’un ‘plan de la présidence de la COP29’, dirigée en 2024 par cet État pétrogazier d’Asie centrale sous la direction de l’autoritaire Ilham Aliev.

« Nous travaillerons sur deux piliers parallèles qui se renforcent mutuellement », déclare cet ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale Socar: « Il s’agit d’établir des plans clairs pour maintenir en vie l’objectif de 1,5°C de réchauffement et ne laisser personne de côté, tout en mettant en place le financement nécessaire pour y parvenir ».

« Le monde doit démultiplier le flux mondial de financement de la lutte contre le changement climatique » et « s’attaquer aux problèmes qui empêchent les pays en développement de réaliser pleinement leurs ambitions » de réduction des rejets de gaz à effet de serre.

La planète réchauffée entre 2,5°C et 2,9°C d’ici la fin du siècle

Selon les estimations des Nations unies, les engagements actuels conduisent à un réchauffement planétaire compris entre 2,5°C et 2,9°C d’ici la fin du siècle par rapport à la seconde moitié du XIXe siècle. Il est probable que le seuil de 1,5°C, considéré comme l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, soit atteint entre 2030 et 2035.

Actuellement, la température mondiale est déjà d’au moins 1,2°C. Par conséquent, tous les pays doivent soumettre une révision ambitieuse de leurs plans de réduction des émissions (NDC, en anglais) d’ici un an.

Néanmoins, certains pays en développement souhaitent lier leurs efforts à la mobilisation, par les économies développées, des fonds nécessaires pour les aider dans leur transition énergétique et leur adaptation à un climat plus chaud. Cette nécessité est mise en lumière par une année 2023 marquée par des records de chaleur et une multiplication des sécheresses, des incendies et des inondations attribués au changement climatique.

« Le monde a changé depuis 1992 »

« Le soutien aux pays en développement leur permettra d’être plus ambitieux dans leurs actions », déclare Ilham Babayev, dans une allusion à l’aide financière que les pays développés doivent au reste du monde en vertu de la Convention de Rio de 1992.

Un montant de 100 milliards de dollars par an a été établi pour l’aide sur la période 2020-2025, et le futur montant, sujet à des négociations intenses, doit être validé lors de la COP29. Cependant, quel que soit le résultat, il restera largement insuffisant par rapport aux besoins estimés à 2 400 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour les pays en développement (hors Chine), selon les estimations d’experts de l’ONU.

L’Inde a proposé un objectif de 1.000 milliards. « Le monde a changé depuis 1992 », a souligné à ses côtés la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock.

« La Chine, l’Inde ou les pays du Golfe », représentent 80 % des émissions mondiales

A l’époque, une vingtaine de pays concentraient 80% de l’économie mondiale, ils n’en représentent plus que 50%, a-t-elle souligné: « c’est pourquoi j’invite instamment tous ceux qui le peuvent à se joindre à nos efforts, et en particulier les plus gros pollueurs actuels, notamment dans le cadre du G20 ».

Lors d’une conférence de presse, Annalena Baerbock a ensuite cité nommément « la Chine, l’Inde ou les pays du Golfe » parmi ces pays du G20 (80% des émissions mondiales) qui pourraient rejoindre la liste des donateurs.

« L’Azerbaïdjan continuera d’exporter du gaz »

Cet élargissement « risque de diluer les responsabilités historiques des pays développés », tenus de « rectifier les inégalités passées et présentes causées par leurs émissions disproportionnées », expliqeHarjeet Singh, militant de l’Initiative pour un Traité de non-prolifération des énergies fossiles.

L’Azerbaïdjan, critiqué pour l’expansion de sa production de gaz, montrera l’exemple en présentant un nouveau plan de décarbonation compatible avec l’objectif 1,5°C, a réitère Ilham Babayev, ministre de l’Ecologie de son pays.

Mais « l’Azerbaïdjan continuera d’exporter du gaz », en particulier vers ses clients européens, a-t-il assumé. Un sujet évoqué lors du sommet des ministres de l’Énergie du G7 à Turin (Italie), en avril.

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