La France respecte son budget carbone mais doit accélérer son engagement climatique

Malgré un succès relatif dans la réduction des émissions de CO2, en particulier grâce à son secteur électrique décarboné, la France est confrontée à des défis majeurs dans d’autres domaines, notamment les transports. Alors que le pays s’efforce de se conformer aux objectifs européens plus stricts en matière d’émissions, elle doit maintenant intensifier ses efforts pour combler l’écart.

La France sous les objectifs de son budget carbone

Selon les estimations du Citepa, la France a émis en moyenne 405 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2e) entre 2019 et 2023, ce qui est en dessous de l’objectif de 422 MtCO2e/an fixé par sa Stratégie nationale bas carbone (SNBC). Malgré cette performance relativement bonne, le pays doit maintenant viser l’objectif européen de réduction des émissions de 55% d’ici 2030 par rapport à 1990, alors qu’il se situe actuellement à seulement -29%.

« Cette baisse des émissions est majoritairement due à des effets conjoncturels, malheureusement subis, principalement liés aux hausses des prix de l’énergie, et donc à une sobriété non choisie », commente Cyrielle Denhartigh, coordinatrice des programmes du Réseau action climat (RAC), qui fédère 37 associations.

Davantage de « politiques publiques structurantes »

Le RAC réclame des « politiques publiques structurantes » pour rendre « pérennes » ces baisses : « lever les verrous au développement des énergies renouvelables », « encourager le développement des petits véhicules électriques » et « réformer la fiscalité du secteur aérien ».

L’exécutif lui, se félicite d’avoir atteint 384,5 MtCO2e d’émissions nationales brutes en 2023, soit moins que dans l’année du Covid. Le recul annuel de -4,8%  n’est pas aussi impressionnant qu’en Allemagne mais est « un record » français (hors Covid), salue le ministre de la Transition écologique.

L’absorption du CO2 par les écosystèmes naturels

Les activités sur le territoire sont inclues dans les émissions comptabilisées, mais pas celles liées aux importations. La baisse générale est alimentée par le secteur de l’énergie (38 MtCO2e), avec « l’augmentation de la production d’électricité décarbonée », avant tout grâce au « retour d’une forte production nucléaire », puis avec la hausse des productions hydroélectrique, éoliennes et solaires, note le Citepa.

Les émissions du secteur résidentiel-tertiaire (60 MtCO2e) sont aussi très inférieures aux objectifs, la somme des « comportements de sobriété des ménages et des entreprises », de moindre besoin de chauffage grâce à la météo et de poursuite des rénovations thermiques.

Pour l’industrie (67 MtCO2e), le recul des émissions « s’explique principalement par des baisses de production », outre les efforts de décarbonation en cours.

Ce qui reste inquiétant ce sont les transports, premier secteur émetteur avec 128 MtCO2e. Un déclin durable et l’effet de l’électrification ne sont pas encore visibles, malgré une reprise de la baisse d’environ 3% en 2023, alimentée par les hausses des prix des carburants et le recul du diesel.

Un déficit récurrent depuis 2015 lié aux sécheresses

Du côté des avions, les émissions ont explosé sur un an, sur les vols domestiques (+21%), qui dépassent le niveau pré-Covid, comme sur les vols internationaux (+27%, inférieur à 2019).

L’estimation des émissions de l’agriculture sera publiée au mois de juin par le Citepa. Pour évaluer la trajectoire climatique de la France vis-à-vis de l’accord de Paris, et son objectif de limiter le réchauffement mondial à 1,5°C, il faut encore prendre en compte l’absorption du CO2 par les forêts, les tourbières et les prairies sur le sol français.

En 2022, ces puits de carbone naturels n’ont capté que 16,9 MtCO2e au lieu des 41 millions prévues en moyenne dans la SNBC, selon l’Observatoire climat-énergie, développé par le RAC et l’Agence de la transition écologique (Ademe). Un déficit récurrent depuis 2015 lié aux sécheresses, renforcées par le changement climatique, aux incendies et aux maladies, qui ont augmenté la mortalité des arbres.

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