En Albanie, le lait d’ânesse, surnommé « or blanc », séduit par ses bienfaits santé, ses vertus esthétiques, et son fromage d’exception, considéré comme le plus cher du monde. Une aventure familiale qui dépasse les frontières.
Albanie : Le succès éclatant du lait d’ânesse au « goût d’amour »
« Le lait d’ânesse a le goût de l’amour », s’exclame Fatiko Basha, caressant tendrement Liza, son ânesse favorite, avant de recueillir quelques précieuses gouttes de lait. Avec cette matière première rare, cette fermière de Gjirokaster prépare du lait caillé, du petit lait, et même le fromage le plus cher au monde.
Un élixir millénaire aux vertus multiples
Depuis des millénaires, le lait d’ânesse est réputé pour ses innombrables bienfaits. La légende raconte que Cléopâtre, icône de beauté éternelle, s’immergeait dans des bains de ce lait pour préserver sa jeunesse. Mais ce n’est pas qu’un mythe. « Ce lait guérit les enfants, est un remède naturel pour les voies respiratoires, les allergies et renforce le système immunitaire », explique Fatiko.
Pour obtenir ce trésor, il faut respecter un processus rigoureux : la traite ne peut débuter qu’après le troisième mois du petit âne, appelé ânon. L’ânon de Liza, observe d’ailleurs d’un œil jaloux les gestes de Fatiko qui s’affaire autour de sa mère.
Le lait d’ânesse connaît un regain de popularité depuis la pandémie de Covid-19. Fatiko et son époux, qui ont commencé avec une poignée d’ânesses, voient aujourd’hui leur production s’étendre au-delà des frontières albanaises, jusqu’en Macédoine du Nord, au Monténégro et en Grèce. Avec une trentaine d’ânesses et quatre ânes, leur troupeau, nourri dans les riches pâturages naturels de Gjirokaster, devrait s’agrandir dès le début de l’année prochaine.
« Or blanc » : un trésor rare et cher
Le lait d’ânesse est exceptionnel, mais aussi extrêmement rare. Une ânesse produit en moyenne un demi-litre de lait par jour. Cette faible quantité explique son prix élevé, qui varie entre 50 et 60 euros le litre. « Le lait d’ânesse, c’est de l’or blanc. Difficile à récolter, mais chaque goutte apporte son lot de satisfaction », confie M. Basha.
Fatiko et sa famille se sont diversifiés, proposant non seulement du lait frais, mais aussi du fromage maison, du lait caillé et du petit lait. La demande ne cesse de croître, au point qu’ils achètent le lait des fermiers voisins pour y répondre.
Préparer du fromage d’ânesse est un défi : il faut 25 litres de lait pour obtenir un kilo de produit fini. Avec une matière première coûtant plus de 1 000 euros, ce fromage se vend à plus de 1 500 euros le kilo, en faisant le fromage le plus cher au monde.
Dans son atelier à Lazarat, Xhiko Basha prépare soigneusement ce précieux fromage pour des restaurants locaux. « Le fromage d’ânesse est très recherché. Sa préparation difficile cache un goût inégalable », dit-elle.
Jaço Meci, vétérinaire et producteur, confirme l’engouement : « Les Français disent qu’un repas sans fromage est une belle à qui il manque un œil, mais le fromage d’ânesse, c’est la cerise sur le gâteau. »
Les clients le préfèrent frais, à consommer dans les 48 heures suivant sa préparation. « Il est cher, mais c’est un plaisir unique, surtout accompagné d’un bon vin », affirme Elio Troqe, maître d’hôtel du restaurant huppé Oxhakët à Tirana.
Beauté et cosmétique : un autre visage du lait d’ânesse
Dans un petit atelier de Gjirokaster, Fabjola Meci, pharmacienne, exploite une autre facette du lait d’ânesse : la cosmétique. Elle a fondé la marque Leva Natural, proposant une gamme de produits devenus incontournables pour les amateurs de soins naturels.
« Le lait d’ânesse est un secret de beauté extraordinaire », affirme Fabjola, tout en finalisant une commande de crèmes de jour. Ces cosmétiques, appréciés pour leur douceur et leur parfum délicat, connaissent un grand succès, notamment à l’approche des fêtes.
Son rêve ? Exporter ses produits pour faire connaître le lait d’ânesse dans le monde entier. « La crème pour le visage est un vrai bonheur. Elle magnifie la peau, pénètre rapidement et procure une sensation de fraîcheur incomparable. Une fois adoptée, difficile de s’en passer », ajoute-t-elle.
