Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire annonce un investissement massif pour la construction de 10 000 logements intermédiaires, mobilisant près d’un milliard d’euros de fonds publics et privés. Depuis 2017, le gouvernement français a mis en avant le logement intermédiaire comme une solution à la crise du logement pour les classes moyennes. Cette initiative vise à répondre aux besoins de ceux qui ne sont pas éligibles au logement social mais qui trouvent les prix du marché libre inaccessibles, notamment dans les zones tendues.
Le logement intermédiaire : une alternative entre le social et le marché libre
Le logement locatif intermédiaire (LLI) offre des loyers inférieurs à ceux du marché libre, mais supérieurs à ceux du parc social. Hélène Joinet, chercheuse à l’Institut Paris Région, souligne que ce type de logement comble un vide laissé par le désengagement des investisseurs institutionnels dans les années 1990-2000. Les incitations fiscales, telles qu’une TVA réduite et une exonération de taxe foncière pendant vingt ans, encouragent les bailleurs à proposer des logements à des loyers abordables en contrepartie de conditions de ressources pour les locataires.
Une priorité gouvernementale pour loger les classes moyennes
Depuis le début de son mandat, le président Emmanuel Macron a fait du logement intermédiaire une priorité, mettant l’accent sur la nécessité de loger les classes moyennes dans les zones où l’accès au logement est particulièrement difficile. Guillaume Kasbarian, ministre chargé du Logement, précise que cette politique vise à soutenir ceux qui ne peuvent accéder ni au logement social ni au marché libre, en particulier dans les régions en voie de réindustrialisation.
Critiques et controverses
Cette stratégie n’est pas exempte de critiques. Certains accusent le développement du logement intermédiaire de se faire au détriment du logement social. Avec 2,6 millions de ménages en attente d’un logement social, cette préoccupation est légitime. La proposition d’inclure une part de logements intermédiaires dans le calcul des quotas de mixité sociale, évoquée par le Premier ministre Gabriel Attal, a suscité des inquiétudes quant à son impact sur la loi SRU, qui impose aux villes un quota de logements sociaux. Ces questions seront examinées dans le cadre d’un projet de loi sur le logement des classes moyennes prévu pour être présenté avant l’été.
Marianne Louis, directrice générale de l’Union sociale pour l’habitat, souligne également des différences dans les critères de sélection des locataires et les contrôles par rapport au logement social, ce qui alimente les préoccupations quant à la garantie d’une mixité sociale équilibrée.
Le logement intermédiaire apparaît comme une réponse partielle aux défis de logement auxquels sont confrontées les classes moyennes en France. Bien que saluée pour son potentiel à combler le fossé entre le marché libre et le logement social, cette politique suscite des débats sur son impact à long terme sur la mixité sociale et sur la priorité donnée au logement social.