La culture du chanvre bio connaît un regain d’intérêt en France, notamment dans le secteur de la construction. Les agriculteurs comme Olivier Schintgen, dans l’Essonne, témoignent des avantages de cette culture qui pousse rapidement sans nécessiter de désherbage, offrant ainsi une alternative précieuse pour l’isolation des bâtiments.
Développement de la culture du chanvre dans l’hexagone
Si autrefois la France était un acteur majeur dans la culture du chanvre, avec jusqu’à 176 000 hectares cultivés vers 1830, aujourd’hui, cette culture s’est réduite à environ 23 145 hectares, exploités par 1 550 agriculteurs. Cependant, cette filière agricole est en pleine renaissance, avec un intérêt croissant pour ses multiples applications.
Franck Barbier, agriculteur et président d’InterChanvre, souligne cette résurgence : « dans les années 60-70, on était descendu à 300 hectares de chanvre au plus bas. » Aujourd’hui, la France est le troisième producteur mondial de chanvre, derrière la Chine et le Canada, avec plus du tiers des surfaces cultivées au sein de l’Union Européenne.
Quels avantages agronomiques et environnementaux à partir du chanvre ?
Outre son potentiel en tant que puits de carbone, captant jusqu’à 15 tonnes de CO2 par hectare, le chanvre présente des avantages agronomiques significatifs. Il est peu gourmand en eau, laisse les champs propres et permet de réduire l’utilisation de fongicides, d’herbicides et d’insecticides, comme le souligne Olivier Schintgen, l’agriculteur essonnien.
Jean-Michel Morer, maire de Trilport en Seine-et-Marne, défend cette filière depuis des années, notamment pour ses bienfaits sur l’environnement et la santé des sols. Il a été un précurseur dans la conception d’éco-quartiers utilisant des matériaux biosourcés locaux, dont le chanvre, pour la construction.
Quelles applications concrètes et développement des filières?
Le chanvre offre une polyvalence remarquable, avec chaque partie de la plante ayant une utilisation spécifique. De la graine à la fibre en passant par la chénevotte, toutes sont exploitées dans divers secteurs tels que l’alimentaire, la cosmétique, la construction, l’automobile et la papeterie.
Malgré son potentiel, le revenu généré par la culture du chanvre reste souvent moins élevé que celui du blé ou des céréales. De plus, le manque d’outils de transformation et d’infrastructures adaptées constitue un frein au développement de la filière. Actuellement, la France ne compte que sept chanvrières, bien en-deçà des besoins de la demande croissante.
Perspectives d’avenir et défis à surmonter
Pour stimuler davantage la culture du chanvre, la filière espère obtenir le soutien de la politique agricole commune (PAC) de l’Union Européenne, notamment en bénéficiant de subventions pour services environnementaux. L’objectif est d’atteindre 45 000 hectares d’ici 2027, ce qui nécessitera des investissements supplémentaires dans la recherche, les infrastructures et les incitations financières pour les agriculteurs.
Dans cette perspective, des entreprises comme Wall Up à Aulnoy (Seine-et-Marne) ont développé des solutions innovantes utilisant le chanvre pour la construction, contribuant ainsi à dynamiser la filière tout en favorisant une transition vers une construction plus durable et respectueuse de l’environnement.