Plusieurs dizaines de milliers d’étudiants risquent de ne pas trouver de logement privé à la rentrée à Paris, où l’offre s’amenuise à mesure que le nombre de logements inoccupés augmente, ont averti en début de semaine des élus de la Ville de Paris.
Marché locatif parisien et la précarité étudiante
« Vu la baisse accélérée du nombre d’annonces, il est probable qu’à la rentrée des dizaines de milliers d’étudiants ne trouvent pas de logement et se retrouvent à la rue », s’est inquiété Jacques Baudrier, adjoint (PCF) à la Maire de Paris en charge du logement, qui a lancé un « cri d’alarme » face à « l’inaction de l’Etat ».
En cause : une proportion croissante de logements « inoccupés », c’est-à-dire utilisés en résidence secondaire ou vacants, qui représentent près de 20% du parc parisien. Selon les derniers chiffres de l’Agence Parisienne d’Urbanisme (Apur), plus de 262.000 logements étaient inoccupés dans la capitale en 2020, et l’élu anticipe qu’ils seront 290.000 en 2024. « D’ici 2026-2027, Paris risque de devenir une ville de pied-à-terre avec plus de logements vides que de logements à louer », a commenté Jacques Baudrier, précisant que l’offre d’annonces a été divisée de plus de moitié par rapport à 2019.
Cette situation est particulièrement alarmante pour les étudiants, qui dépendent majoritairement du parc privé pour se loger. Quelque 392.230 étudiants étaient inscrits à l’Académie de Paris en 2022-2023, soit 36% de plus qu’en 2001-2002. Avec des revenus souvent limités et une précarité financière croissante, trouver un logement abordable et stable devient un véritable défi pour cette population. La pression sur le marché locatif parisien exacerbe ces difficultés, rendant la recherche de logement encore plus ardue.
Petites surfaces inoccupées : un gaspillage inacceptable pour les élus
Or, 70 à 80% des logements inoccupés sont des petites surfaces – studios ou petits deux pièces – soit « exactement ce qu’il faut pour les étudiants », a fait valoir Jacques Baudrier. Cette inadéquation entre l’offre de logements et les besoins des étudiants contribue à la crise actuelle, où les petites surfaces, particulièrement adaptées aux étudiants, restent vides ou sont utilisées comme résidences secondaires.
« Nos préoccupations sur la contraction du logement rejoignent celles sur le pouvoir d’achat des étudiants. Nous sentons des éléments de danger importants, il faut du répondant au niveau national », a estimé Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS). Pour tenter de résoudre cette crise, les élus parisiens ont déposé un amendement au prochain projet de loi de finances pour augmenter la fiscalité sur les résidences secondaires et les logements vacants, espérant ainsi « libérer rapidement 100.000 logements ».
L’appel à une action urgente
La Ville de Paris appelle à une action urgente de l’État pour répondre à cette crise du logement étudiant. L’augmentation des logements vacants et la contraction de l’offre locative sont des problèmes systémiques nécessitant des solutions structurantes, comme la régulation du marché locatif, la promotion du logement étudiant abordable, et des mesures fiscales incitatives pour remettre les logements vacants sur le marché locatif.
Le cri d’alarme lancé par la Ville de Paris met en lumière une crise profonde qui affecte non seulement les étudiants, mais aussi l’ensemble du marché locatif parisien. Face à cette situation, des actions coordonnées à l’échelle nationale sont indispensables pour assurer un accès équitable au logement pour tous, en particulier pour les populations toujours vulnérables comme celles les étudiants.