Près de 200 militants écologistes et pêcheurs se sont rassemblés jeudi dans le port de Saint-Malo pour protester contre le Annelies Ilena, l’un des plus grands chalutiers pélagiques au monde, au cœur d’une vive controverse. Ce monstre des mers est capable de ratisser en quelques heures l’ensemble des fonds marins, laissant les pêcheurs locaux dans de grande difficulté financière et les écologistes outrés par ces procédés techniques destructeurs de la biodiversité.
Mobilisation contre le « Bulldozer des Mers »
Nathan Kaufmann, un jeune pêcheur de 27 ans, représentant les nouvelles générations mobilisées, exprime son opposition à l’installation d’une unité de production de surimi à bord du navire, dénonçant une inégalité de moyens entre les petits pêcheurs et les immenses capacités du chalutier. Il déclare : « C’est une aberration. Moi, j’ai un quota de 100 kilos de maquereaux par semaine: le chalutier peut pêcher 400 tonnes en un jour, il me faudrait 70 ans pour faire pareil. »
Le Annelies Ilena, battant pavillon polonais et propriété d’un armateur néerlandais, est long de 145 mètres pour 24 mètres de large. Sa capacité de pêche, jugée excessive par les manifestants, soulève des préoccupations quant à son impact sur les ressources marines. Un autre pêcheur, Simon, anonyme pour éviter toute identification par les propriétaires du chalutier, exprime son inquiétude : « Ce bateau-usine, il va prélever du poisson pour en faire du pâté (…) il va le débarquer aux Pays-Bas puis tout ramener en camion » à Saint-Malo.
Opposition et appel à la mobilisation
Lors de la manifestation, des députés ont apporté leur soutien aux manifestants, qualifiant l’Annelies Ilena de « bulldozer des mers » et déplorant les conséquences écologiques de son activité. Matthias Tavel, député LFI de la 8e circonscription de Loire-Atlantique, décrit le chalutier comme « une folie du point de vue écologique ». Marie Toussaint, eurodéputée écologiste, souligne l’importance de cette mobilisation contre les pratiques de pêche industrielle et les dégâts environnementaux qu’elles entraînent.
Questions sur les quotas et l’impact local
Valérie Le Brenne, chargée de projets pour l’association de défense de l’environnement Bloom, souligne l’opacité entourant les quotas de pêche et exprime des inquiétudes quant à une éventuelle concurrence déloyale envers les petits chalutiers locaux. Elle déclare : « L’Annelies Ilena pose aussi de manière flagrante la question des quotas (…) qui reste très opaque en France. » Pour compenser, le chalutier pourrait donc « prendre les quotas de pêche de plus petits chalutiers, au détriment des pêcheurs locaux ».
Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, a exprimé son soutien envers les pêcheurs locaux, dénonçant toute tentative d’associer le Annelies Ilena à la pêche artisanale bretonne. Il affirme que la véritable essence de la pêche bretonne réside dans ses pratiques artisanales, soulignant ainsi les valeurs traditionnelles de la région.
Cette mobilisation à Saint-Malo témoigne de la préoccupation croissante concernant les pratiques de pêche industrielle et leur impact sur l’environnement et les communautés locales.