Une vingtaine d’œuvres originales du Centre Pompidou prennent la route à bord du MuMo, un camion en guise de musée mobile, s’arrêtant à Verdun (Meuse) pour le début de l’année. L’objectif, présenter l’art aux publics trop éloignés pour y avoir accès.
45 mètres carrés de musée sortis d’un bus
Sur le parking d’une école déserté pendant les vacances, un camion-musée se déploie, offrant une salle d’exposition de 45 mètres carrés précédée d’un sas d’entrée rouge. « La Caravane du bizarre » attire déjà les curieux impatients, désireux de voir cet art itinérant.
Dès ce début d’année à 16 heures, un mercredi, les portes du MuMo s’ouvrent, suscitant l’enthousiasme des visiteurs locaux qui saluent cette initiative. « Le musée vient à nous », s’exprime Myriam Stellato, une habitante de Verdun qui n’a jamais eu l’occasion de visiter le Centre Pompidou à Paris. « S’il se déplace un petit peu dans un camion mobile, ça peut être intéressant d’aller voir les œuvres » explique-t-elle.
« L’Art qui vient à nous », pour le plus grand plaisir des retraité(e)s
Âgée de 68 ans, il n’est pas toujours évident pour cette retraitée d’aller au musée, notamment à Paris. Il y a les déplacements qui sont toujours un peu problématiques », dit-elle. L’initiative lui permet d’y avoir facilement accès.
Il en est de même pour Marie-Claire Louis, 71 ans, originaire de Verdun. La septuagénaire dit avoir été interpellée par le concept du musée mobile. Lors de sa visite, elle l’a trouvé « bien aménagé » et « bien conçu » car elle ne peut pas non plus « aller tout le temps à Paris et au Centre Pompidou ».
Elle a pu contempler des sculptures de sirène d’Henri Laurens, un « Autoportrait » de Gino Severini, un peintre cubiste, ainsi que trois photographies de Dora Maar. La retraitée Michelle Périchon s’attendait toutefois à voir « plus d’œuvres », même si « dans un endroit comme ça, ça aurait été brouhaha ».
Une démarche sociale et culturelle inspirée du Bibliobus
Ingrid Brochard, fondatrice du MuMo, premier musée mobile il y a près de quinze ans, s’inspire du Bibliobus de son enfance : « Quand j’étais petite, j’ai habité des zones rurales, et je n’ai pas eu l’occasion d’aller au musée, au théâtre, à l’opéra… Par contre j’attendais avec impatience le Bibliobus », un camion venant prêter des livres aux enfants.
Elle imagine alors créer un musée mobile qui va à la rencontre des zones rurales. Le camion-musée devient ainsi un lieu d’échange social autour de l’art, s’invitant dans les quartiers sensibles et les petites communes. « Ce ne sont pas les enfants qui se déplacent vers le musée mais le musée qui se déplace à eux. »
Certains enfants ou même adultes n’ont pas forcément la chance, le privilège d’aller à Paris, au Centre Pompidou, voir les œuvres », explique Fabrice Perrin, directeur d’un centre de loisirs à proximité, dont une vingtaine d’enfants ont été invités à découvrir le MuMo.
L’initiative apporte une « dimension sociale », où « tout le quartier est invité à venir échanger autour des œuvres d’art », ajoute Ingrid Brochard.
La culture aussi dans les quartiers défavorisés
Le MuMo réalise 30% de ses étapes dans des communes de moins de 2 500 habitants, incluant des quartiers sensibles et répondant « là où il y de la demande » selon Ingrid Brochard. Les activités pour les enfants et les portes ouvertes sont gratuites, éliminant ainsi le frein financier en plus de la distance géographique.
Les œuvres restent accrochées dans une remorque transportant cette salle de musée repliée durant les trajets. Conçue spécialement pour ça, elle doit respecter des normes d’hygrométrie et de sécurité nécessaires au transport des œuvres. Art Explora, un mécène du MuMo a entièrement financé la structure qui coûte à elle seule 600 000 euros. Les frais de fonctionnement sont quant à eux pris en charge par l’État et les collectivités territoriales.
Après son passage à Marseille, dans les Vosges, l’Aube, ou encore la Meuse, le MuMo achève sa tournée automnale à Massy (Essonne) le 13 janvier, promettant de nouvelles expositions pour l’avenir.
