Passer au bio : un défi qui reconnecte les agriculteurs à leur métier

Flavien Perdriel, arboriculteur en Normandie, a fait le choix audacieux de convertir une grande partie de son exploitation au bio. Entre nouvelles méthodes de travail, hausse des coûts et rendement en baisse, ce passage représente un véritable défi. Mais au-delà des contraintes, il y trouve une redécouverte de son métier et un engagement plus fort en faveur d’une agriculture durable.

Revenir aux bases : un changement radical

Après vingt ans d’agriculture conventionnelle, Flavien Perdriel décide de sortir de sa routine pour se lancer dans le bio. Sur ses terres de Mesnil-en-Ouche, il engage la conversion de 54 de ses 66 hectares de pommiers. Un choix dicté par l’envie d’anticiper l’avenir : « Je voulais opérer ce passage au bio, car ce serait compliqué pour mes enfants, s’ils reprennent l’exploitation, de partir de zéro. »

Passer à l’agriculture biologique implique une transformation complète des pratiques. Exit les pesticides et engrais de synthèse, place à des alternatives naturelles et à une gestion plus fine des cultures. « Ça change tout le travail et peut-être même tout ce que j’ai appris à l’école », confie-t-il. Il doit désormais désherber sans glyphosate, en utilisant des tondeuses adaptées, et remplacer les insecticides par des pièges à parasites ou des traitements biologiques.

 Un travail plus intense et des coûts en hausse

Le bio exige plus d’efforts et de temps. À 1,5 km/h, il lui faut des heures pour couvrir ses 54 hectares en allers-retours. La charge de travail étant trop importante, il embauche un salarié. « J’y passe beaucoup plus de temps », reconnaît-il.

Les coûts augmentent aussi : les produits biologiques sont plus chers et doivent être appliqués plus souvent. « Comme une crème solaire dans l’eau », ils disparaissent rapidement sous la pluie, obligeant à des traitements fréquents. Résultat : une hausse de 50 % de ses dépenses.

L’impact sur la production est également notable. Là où il récoltait 40 tonnes de pommes par hectare, il en obtient désormais une trentaine. Pour maintenir l’équilibre, il ajuste mécaniquement la charge des arbres : il élimine l’excès de fleurs à la main et secoue les troncs pour alléger la production.

 Un pari risqué mais porteur de sens

Si les prix de vente du bio sont plus élevés, ils ne compensent pas totalement les pertes. Heureusement, sa coopérative garantit des prix sur vingt ans et propose des tarifs de transition pour les parcelles en conversion. Flavien Perdriel s’appuie aussi sur sa production de céréales conventionnelles, qui représente la moitié de ses revenus. Impossible pour lui, à ce stade, de les passer en bio sans mettre en péril son exploitation. « Il y a un risque de crash au début du passage au bio », explique-t-il.

Malgré ces contraintes, il voit dans cette transition une opportunité de renouer avec une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Il installe des ruches pour favoriser la pollinisation et replante des haies afin d’encourager le retour des oiseaux. Cette approche globale illustre sa volonté de travailler en harmonie avec la nature tout en pérennisant son exploitation. « C’est intéressant de reprendre les bases », conclut-il, convaincu que le bio, malgré ses défis, reste une voie d’avenir.

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