Pêche industrielle : une menace pour la mer du Nord

En mer du Nord, des chalutiers industriels opèrent légalement dans des zones censées être protégées, un fait dénoncé par Greenpeace qui met en lumière les impacts destructeurs de ces pratiques sur la biodiversité marine. Les aires marines protégées, qui devraient servir de refuges à la faune et à la flore marines, sont ainsi mises à mal par l’exploitation intensive des ressources marines. Cette situation appelle une prise de conscience urgente pour la préservation des océans.

Pêche industrielle en zones protégées : un véritable paradoxe

Au large de Dunkerque, en mer du Nord, six chalutiers néerlandais remontent leurs filets et capturent des milliers de poissons en pleine aire marine protégée. Bien que ces activités soient légales, elles sont jugées « destructrices » par les militants de Greenpeace, qui observent les opérations depuis le voilier « Witness », et dénoncent ces pratiques depuis plus d’un mois.

Ces chalutiers, qui exploitent l’aire marine protégée « Bancs des Flandres » classée zone Natura 2000, laissent derrière eux des scènes inquiétantes. Des mouettes et des goélands se posent à la surface de l’eau pour saisir les poissons relâchés par les filets. Cette situation récurrente suscite l’inquiétude de Greenpeace. Joachim Claudet, chercheur au CNRS, souligne que « le chalutage n’est pas compatible avec la protection, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ». Selon lui, cette pêche industrielle pourrait, à long terme, provoquer « la destruction des habitats, une baisse de la productivité de la zone et l’érosion de la biodiversité ».

Des interactions tendues avec les pêcheurs

Depuis le début de leur observation, l’équipe du « Witness » a tenté de dialoguer avec les chalutiers par radio. Mais les échanges sont souvent brefs et peu amicaux. « Ils m’ont dit ne pas être intéressés à l’idée de répondre à mes questions », confie Robin Ristjouw, ingénieur à bord. Le climat varie d’un bateau à l’autre, avec des réactions allant de la politesse à l’agression, raconte Nicolas Borchers, capitaine du voilier. Pendant trois semaines d’observation, les membres de Greenpeace ont repéré plusieurs chalutiers néerlandais, allemands, ainsi que des navires français opérant sous pavillon néerlandais. Leur banderole « Protégeons nos mers et nos océans » a peu d’impact sur les pêcheurs, qui semblent indifférents à l’appel.

Les menaces sur les espèces protégées

La zone « Bancs des Flandres » abrite des espèces marines protégées telles que les dauphins et les marsouins communs. Greenpeace craint que ces animaux se retrouvent capturés dans les filets des chalutiers. Les enjeux sont majeurs car ces aires marines devraient être des refuges pour la faune marine, mais selon François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace France, « ces aires marines protégées ne protègent pas ». En effet, bien que la France ait réussi à inscrire 30 % de ses eaux en aires marines protégées, seulement 1,6 % bénéficie d’une protection totale, et le taux de protection forte dans la mer du Nord ne dépasse même pas 0,01 %. La situation est d’autant plus préoccupante dans des zones comme les Bancs des Flandres, où les intérêts de la pêche industrielle priment, laissant ces zones vulnérables à l’exploitation.

Des pratiques destructrices pour les écosystèmes marins

L’arrivée de chalutiers géants, mesurant parfois plus de 120 mètres, a aggravé la situation. Selon Greenpeace, ces navires et d’autres techniques comme la senne danoise ont un impact catastrophique sur les stocks de poissons. Loïc Fontaine, patron de pêche de Boulogne-sur-Mer, constate que « depuis l’arrivée des chalutiers géants, tout ce qui était poissons a diminué ». Cette situation l’a forcé à se réorienter vers la pêche au bulot, une méthode moins impactante. Il prévoit que, dans cinq à dix ans, ces chalutiers géants et autres senneurs danois devront changer de métier face à la raréfaction des ressources.

Agir pour préserver nos océans

Face à l’ampleur du problème, Greenpeace réclame des mesures concrètes pour renforcer la protection des aires marines et interdire les pratiques destructrices comme le chalutage de fond et la senne danoise dans ces zones sensibles. La préservation de la biodiversité marine exige une réglementation plus stricte afin de garantir que ces aires marines protégées remplissent réellement leur rôle de conservation pour les générations futures.

 

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