Le Parlement français vient d’adopter définitivement l’interdiction des cigarettes électroniques jetables, appelées « puffs ». Pointées du doigt pour leur impact sur la jeunesse et l’environnement, elles disparaîtront bientôt des rayons. Une décision saluée par de nombreuses associations de lutte contre le tabac.
Un marketing agressif qui cible les jeunes
Saveurs sucrées et fruitées, packaging coloré et prix attractif : les « puffs » ont séduit un large public, notamment parmi les adolescents. En quelques années, ces cigarettes électroniques jetables ont envahi les cours de récréation et les réseaux sociaux, alarmant les autorités sanitaires. Selon une étude BVA (groupe expert indépendant des études, du conseil et de la data, expert en sciences comportementales) réalisée en 2023 pour l’Alliance contre le tabac, 15 % des jeunes âgés de 13 à 16 ans en ont déjà consommé, et près de la moitié d’entre eux ont débuté leur consommation de nicotine par ce biais.
Face à ce constat, les parlementaires ont choisi d’agir. Après un vote unanime à l’Assemblée nationale, le Sénat a entériné l’interdiction des « puffs » par un vote à main levée. « Nous faisons un pas décisif pour protéger nos jeunes », s’est félicité le ministre de la Santé Yannick Neuder lors de l’adoption du texte.
Une double victoire : santé publique et écologie
La mesure ne répond pas seulement à un enjeu sanitaire, mais aussi environnemental. Les « puffs », conçues avec des batteries en lithium non recyclables, constituent un véritable fléau écologique. Francesca Pasquini, ex-députée écologiste et initiatrice du texte, salue « une grande victoire » contre ces dispositifs polluants et addictifs. De son côté, le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola rappelle que cette interdiction s’inscrit dans la volonté du gouvernement de créer « une génération libérée du tabac ».
Cette interdiction positionne la France comme le deuxième pays européen à interdire ces cigarettes électroniques après la Belgique. Le Royaume-Uni a également annoncé une interdiction similaire pour juin 2025, confirmant une dynamique européenne sur le sujet.
Un premier pas vers une réglementation plus stricte ?
Si cette interdiction marque une avancée, certaines associations estiment qu’elle ne va pas assez loin. La Ligue contre le cancer appelle à une extension des restrictions aux nouveaux produits dérivés de la nicotine. « Nous ne devons pas relâcher nos efforts », insiste Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac.
Toutefois, des inquiétudes subsistent quant aux contournements possibles par les industriels. Le Comité national contre le tabagisme alerte déjà sur l’apparition de nouvelles cigarettes électroniques qui, bien que techniquement conformes à la loi, restent attractives pour les jeunes par la diversité de leurs arômes. « Les fabricants ne manqueront pas d’inventer des alternatives pour continuer à toucher leur cible », prévient l’organisation.
De son côté, la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, se réjouit de ce vote, y voyant « une prise de conscience collective face à un produit qui n’aurait jamais dû être mis sur le marché ».L’interdiction des « puffs » constitue une avancée significative, mais les autorités devront rester vigilantes face aux nouvelles stratégies de l’industrie du tabac. Affaire à suivre.