Le Rhône, fleuve emblématique de France, voit un vaste programme de restauration écologique se mettre en place. Ce projet de 8,2 millions d’euros, visant à redonner vie à l’écosystème du fleuve, devrait permettre de restaurer la biodiversité et de rétablir des habitats naturels essentiels.
Un chantier colossal pour redonner vie au Rhône
Le 1er février, un programme de restauration écologique d’envergure a été lancé pour le fleuve Rhône, un projet estimé à 8,2 millions d’euros. Ce chantier, qui s’étend sur une dizaine de kilomètres au sud de Lyon, a pour but de restaurer l’écosystème du Rhône en réintroduisant des bras du fleuve, en retirant les plantes invasives et en replantant plus de 5 400 arbres et arbustes. Ce projet est une réponse aux siècles d’interventions humaines qui ont modifié le cours du fleuve, réduisant la diversité écologique de cette importante voie d’eau. L’objectif est de permettre au Rhône de retrouver une dynamique naturelle qui favorisera la biodiversité.
Ce projet de grande ampleur est cofinancé par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) et l’Agence régionale de l’eau, et se poursuivra sur trois ans. La restauration envisagée est qualifiée de « la plus importante jamais engagée pour un fleuve en France » par Mathieu Stortz, directeur général de la CNR. Le programme prévoit notamment de démanteler des constructions anciennes, comme les « épis » et les « casiers Girardon », qui ont été installées à la fin du XIXe siècle pour contrôler le cours du fleuve. Ces structures en roches, maintenant recouvertes de végétation, ont contribué à rétrécir le lit du Rhône et à altérer l’équilibre de son écosystème.
Réintroduire la biodiversité et restaurer les habitats naturels
Un des objectifs majeurs de cette opération est de restaurer la biodiversité du fleuve, en particulier en réintroduisant des habitats pour des espèces animales disparues, comme le castor, le martin-pêcheur ou encore des poissons tels que le brochet et l’ablette. Les 80 000 m3 d’enrochements qui seront retirés du fleuve permettront de rendre le lit plus profond et de favoriser le retour de sédiments fins tels que des sables et des limons, transportés par les crues et les courants. Cela devrait contribuer à la formation de végétation diversifiée le long des rives et au sein du fleuve, créant ainsi de nouveaux espaces de nidification et de reproduction pour une multitude d’espèces.
Cette action ambitieuse s’inscrit dans un objectif de long terme pour redonner au Rhône ses caractéristiques naturelles. Le fleuve, souvent perçu comme un axe de transport et une ressource pour la production d’énergie, a été profondément modifié par les interventions humaines depuis des siècles. Avec 19 barrages et un lit fortement artificialisé, il est aujourd’hui l’un des fleuves les plus modifiés de France. En rétablissant certains de ses bras et en enlevant les obstacles créés par l’homme, ce programme de restauration vise à recréer un environnement propice à la vie animale et végétale, et à renforcer l’intégrité écologique du fleuve.
Une opération de grande envergure pour un fleuve menacé
Depuis le début des années 2000, la CNR a déjà entrepris de nombreuses actions pour restaurer l’écosystème du Rhône, en replantant des végétaux et en créant des zones humides. À ce jour, 77 lônes ont été restaurées et 120 kilomètres de rives ont été réaménagés pour favoriser la biodiversité. Cependant, avec ce nouveau projet, les enjeux sont bien plus importants. La restauration des bras du Rhône et l’élimination des constructions anciennes devraient permettre de redonner au fleuve des fonctionnalités écologiques perdues au fil du temps.
Nicolas Chantepie, directeur adjoint de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse, rappelle que « un fleuve, ce n’est pas seulement de l’eau qui coule, c’est un écosystème en permanente évolution », et qu’il est essentiel de redonner au Rhône sa dynamique naturelle. L’opération s’inscrit également dans une démarche plus globale de restauration des milieux aquatiques en France, visant à améliorer la qualité des eaux et à renforcer la résilience des écosystèmes face aux défis du changement climatique.
