Valorisation du bois de haies : une opportunité pour les agriculteurs bretons

Dans le paysage agricole breton, les haies jouent un rôle crucial non seulement en préservant l’environnement mais aussi en répondant à des obligations réglementaires pour les agriculteurs. Frédéric Chevalier, élu à la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, souligne cet aspect en déclarant : « En tant qu’agriculteurs, on a des obligations de replanter des haies. »

Défis de la valorisation des haies et du développement d’une filière locale

Comment valoriser cet effort et générer une rémunération pour les agriculteurs qui s’engagent dans cette démarche? Cette interrogation émerge lors de discussions entre agriculteurs, telles que celle qui a eu lieu lors d’une visite à Montfort-sur-Meu (Ille-et-Vilaine).

Une réponse à cette question émerge à travers le développement d’une filière locale d’approvisionnement en bois pour les chaufferies. Denis Bertrand, président d’un Groupe d’intérêt économique (GIE) impliqué dans cette initiative, explique : « Les haies doivent être entretenues régulièrement. Une fois broyé, ce bois de bocage alimente des chaufferies. »

Le collectif Bois Energie d’Ille-et-Vilaine (CBB), opérationnel depuis 2011, s’engage dans la commercialisation du bois issu de ces haies, travaillant en collaboration avec 42 agriculteurs actuellement. Pierric Cordouen, un représentant de CBB, explique : « On accompagne les agriculteurs, on planifie les coupes et on leur achète la matière. »

Utilisation du bois de bocage et engagement pour une gestion durable

La majeure partie du bois de bocage est utilisée pour alimenter des chaufferies, qu’elles soient industrielles ou domestiques, avec une minorité destinée à la fabrication de paillage, comme le précise Denis Bertrand.

Un principe fondamental dans cette démarche est que tout ce qui est coupé doit repousser afin de garantir une gestion durable des haies. Pierric Cordouen insiste sur ce point en soulignant : « C’est le seul moyen de permettre la permanence des paysages, peut-être même de permettre le réembocagement favorable au climat. »

Défis Économiques et réactions des clients

Cependant, malgré les bénéfices environnementaux, la question de la rémunération demeure. Actuellement, le bois est acheté à l’agriculteur à un prix relativement bas. Edwige Kerboriou, une agricultrice basée à Plouzélambre, souligne que cette rémunération reste insuffisante par rapport au travail fourni.

Les agriculteurs appellent à un soutien financier plus conséquent de la part des autorités pour rendre cette pratique plus attractive. Frédéric Chevalier souligne l’importance d’une répartition adaptée des aides européennes via la Politique agricole commune (PAC).

Malgré ces défis, l’utilisation du bois de haies trouve une réception positive chez les utilisateurs finaux. La congrégation des Petites Soeurs des Pauvres à Saint-Pern, par exemple, a récemment adopté cette source d’énergie locale pour chauffer ses bâtiments. Soeur Catherine, économe générale, témoigne de l’efficacité de cette transition.

Vers une gestion durable des ressources

En conclusion, la valorisation du bois de haies représente une opportunité à la fois pour les agriculteurs et pour l’environnement. Cependant, des défis économiques et structurels persistent, nécessitant un soutien accru des autorités et une plus grande sensibilisation du public sur les avantages de cette pratique pour encourager sa généralisation.

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